Saint Évremond est un moine de Neustrie, décédé vers 720. Ses restes arrivent à Creil à la fin du 10e siècle.
La collégiale Saint-Évremond est construite entre 1150 et 1180. Seul le chœur est remanié au 14e siècle. Elle mesure un peu plus de 32 mètres de long et présente le plan d’un vaisseau de six travées, flanqué de bas côtés éclairés par de petites fenêtres à l’arc en plein cintre. Son architecture présente un mélange de style roman et gothique.
La collégiale, située sur l’île de Creil, à proximité du château, est desservie par un chapitre de 6 chanoines, qui nomment le curé de St Médard. Aux 12e et 13e siècles, beaucoup de croyants se déplacent à Creil pour voir les reliques de saint Évremond (sa châsse renferme son crâne) et de saint Symphorien, également vénérées dans la collégiale. Avec la Guerre de Cent ans, ce phénomène disparaît. Les reliques de saint Symphorien sont même jetées au vent par les calvinistes le 8 octobre 1567.
La collégiale Saint-Évremond de Creil,
gravure de Charles Hamlet, 19e siècle.
Au 18e siècle, les chanoines vivent chichement. Le curé de Creil s’est affranchi de leur pouvoir, et les Creillois fréquentent plutôt l’église Saint-Médard. La collégiale tombe en ruines au milieu du 18e siècle, les chanoines étant devenus trop pauvres pour l’entretenir.
En 1767, le cardinal de Gesvres, évêque de Beauvais, dont dépend Creil, met l’église en interdit. Les trois premières travées sont démolies. En 1825, le clocher est supprimé.
Après la Révolution française, le bâtiment sert de magasin pour la faïencerie, puis est acquis en 1883 par la municipalité.
La collégiale Saint-Évremond de Creil, album de dessins d’Ernest Gallé, 1866.
Il est utilisé comme réserve par la ville, puis lors de la séance du 23 juin 1899, la majorité du conseil municipal, avec la voix prépondérante du Maire, monsieur Varé, décide la démolition des restes du vieux château et de la collégiale Saint-Évremond pour construire un nouvel hôtel de ville.
Les éléments architecturaux les plus remarquables sont entreposés dans la cour de l’école Somasco de Creil. Il est ensuite question de créer un musée dans la salle basse du château pour présenter ce dépôt lapidaire, mais le projet ne voit pas le jour, et les éléments sont finalement stockés dans les caves de la maison Gallé-Juillet.
Dans les années 1950, des travaux pour créer un parterre de fleurs sur la place de la mairie permettent la mise au jour des fondations de Saint-Évremond et de quelques chapiteaux.