Ce tableau original a été peint par Suzanne Leloir (1885-1923). Il représente le père de l’artiste, Maurice Leloir (1853-1940), dans son atelier en train de dessiner dans un atelier au style néo-médiéval. Cet atelier, de style éclectique, regorge de détails. Les murs chargés d’instruments de musique, les meubles débordants d’objets, les épées légèrement dissimulées derrière la maquette d’un bateau et le bureau débordant de documents expriment le caractère collectionneur de Maurice Leloir. Dans le fond du tableau, les deux vitrines remplies de vêtements et, sur la gauche, le placard entrouvert, montrent la passion que Maurice Leloir a entretenu pour les costumes anciens.
Peintre et illustrateur d’ouvrages, il est plus particulièrement connu pour la création de la Société de l’histoire du costume en 1907 dont il est le président jusqu’à son décès. Au titre de la Société, il reçoit de nombreuses donations de costumes anciens et rédige des ouvrages dont certains sont, encore aujourd’hui, des références dans le domaine de la mode à l’image de son Dictionnaire du costume et de ses accessoires, des armes et des étoffes, des origines à nos jours (1951). En 1928, il crée les costumes et les décors du film Le Masque de fer de Douglas Fairbanks. La Société cède sa collection à la ville de Paris en 1920 afin de créer un musée. Ce projet n’est réalisé qu’en 1956 avec la fondation du musée du Costume. Fermé en 1971, les collections sont transférées au musée de la Mode et du Costume au Palais Galliera.
… à l’histoire extraordinaire !
Ce tableau est volé en 1975, un an après avoir été donné au musée Gallé-Juillet. Il circule en Grèce et en Turquie comme l’attestent les cachets de douane visibles au revers de la toile. Repéré sur un catalogue de l’hôtel de vente de Drouot, il est restitué au musée Gallé-Juillet et exposé à nouveau en janvier 1991.
Détail de l’Autoportrait de Suzanne Leloir, Suzanne Leloir, 1916, n°1974.1.69
Le tableau a été fragilisé à cause de son histoire mouvementé. Il a été restauré par les restauratrices Florence Adam, pour la couche picturale, et par Chantal Bureau, pour le support, en fin d’année 2018.
Tampons de douane écrits en grec (à gauche et à droite) et en turc (au centre)
Le châssis (cadre au revers sur laquelle est maintenue la toile) était particulièrement empoussiéré et déformé, menaçant la pérennité de la toile. Le revers de la toile était mal tendu, piqué par l’humidité et présenté des adhésifs de refixage ainsi que des déformations.
La couche picturale présentait des lacunes et des craquelures d’âge.
L’œuvre a été nettoyée, consolidée, le châssis changé et les lacunes récupérées.