La création du musée Gallé-Juillet en 1930 est intiment liée à la Première Guerre mondiale. Il est en effet issu de la donation effectuée par Berthe Gallé, en hommage à son fils unique Maurice Gallé, décédé à Bouchavesnes le 25 septembre 1916.
1914 : le début d’un conflit sanglant
En 1914, les grandes nations ont composé des alliances : la Triple-Alliance regroupe l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Italie, tandis que la Triple-Entente comprend la Russie, la France et le Royaume-Uni. Les armées sont entraînées et prêtes à intervenir. Il ne manque plus qu’une étincelle pour enclencher le jeu des alliances et débuter une guerre. Elle survient le 28 juin 1914 lorsque l’archiduc François-Ferdinand de Habsbourg, héritier de la couronne autrichienne, est assassiné par le nationaliste bosniaque Gavrilo Princip à Sarajevo.
Le 3 août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France.
L’arrivée de la guerre à Creil
La guerre arrive à Creil dès 1914. Par voie d’affichage, la Mairie de Creil informe la population de la mobilisation, des premières restrictions, et fait appel aux financements des industries locales pour organiser le ravitaillement et des soupes populaires. Des bâtiments civils et des écoles sont réquisitionnés afin d’y mettre en place des centres de secours à l’image de l’hôpital d’évacuation près de la gare. Celui-ci permet de trier les malades et de les orienter vers les hôpitaux de l’arrière. La ville est proche des lignes de front. La municipalité s’organise. Elle crée des commissions – de distribution de cartes de ravitaillement, des finances, d’achat de denrées et de contrôle de la distribution – pour faire face aux nouveaux besoins induits par la guerre.
Le 2 septembre 1914, le Génie français fait sauter à la dynamite le pont de Creil pour limiter la progression des soldats allemands. Ces derniers envahissent la rive droite dans la nuit du 2 au 3 septembre 1914. En représailles à la résistance de l’armée française, de nombreuses habitations sont incendiées à l’image de celles de la rue Gambetta. La contre-attaque de l’armée française permet de libérer la ville le 6 septembre 1914 et de repousser la ligne de front à 60 km au Nord, vers l’Aisne.
Des Hommes au cœur de la guerre
Au-delà des destructions matérielles, les hommes de 20 à 49 ans sont mobilisés et envoyés au front. La guerre de mouvement laisse place à la guerre de position et à des conditions de vie difficiles – faim, froid, manque d’hygiène – dans les tranchées meurtrières. Il ne faut pas oublier les civils, femmes et hommes, qui se mobilisent à l’arrière pour soutenir l’effort de guerre.
Le parcours des soldats de la Grande Guerre est illustré au musée Gallé-Juillet par les souvenirs de Maurice Gallé. Le musée conserve les archives privées de la famille, mais aussi des centaines de photographies prises par le jeune soldat dans les tranchées, aujourd’hui consultables en ligne, sur le site www.armarium-hautsdefrance.fr.
Les circonstances exactes de la mort de Maurice Gallé, survenue le 25 septembre 1916, sont connues grâce au témoignage du soldat Avard, parti en mission à ses côtés. Berthe Gallé a retranscrit ses propos dans un album : « il nous faillait ramper à travers trous et boyau, nous avons dû nous égarer en inclinant trop à droite. Quand nous sortîmes du boyau, nous étions en terrain découvert […], tout à coup je vis l’Aspirant s’aplatir, son casque roula par la violence du choc […] je fus blessé à mon tour, je trébuchais et j’allais m’allonger à côté de lui. Il me tendit la main en me disant : ‘Êtes-vous blessé ? – Oui à la hanche. Et vous mon Aspirant ? – Je suis touché au ventre …’ »
Comme des milliers d’autres parents, Berthe et Auguste Gallé n’ont appris qu’après plusieurs mois d’attente le décès de leur fils unique. Ils font exhumer le corps de Maurice, enterré à Bouchavesnes (Somme) par les Britanniques, en 1922, afin de lui offrir une véritable tombe et un monument commémoratif, au lieu même de son décès.
Le musée Gallé-Juillet conserve un album composé par la famille Gallé, retraçant son parcours lors de la Grande Guerre.
La ligne de front ne s’approche plus de Creil. Le 11 novembre 1918, l’armistice est conclu à Rethondes. Renouvelé à trois reprises, le traité de Versailles, signé le 28 juin 1919, met fin définitivement à la guerre.
La collection de cartes postales sur le thème de la Grande Guerre des archives municipales de Creil est consultable en ligne, sur le site www.armarium-hautsdefrance.fr.