L’arrivée du train à Creil et la ligne de Paris à la Belgique
C’est grâce à Jules Juillet, maire de Creil de 1846 à 1868, que l’arrivée du train a pu voir le jour à Creil. Il défend le projet de l’établissement d’une ligne de chemin de fer en passant par Creil avec ferveur.
Dès 1831, la réalisation d’une ligne entre Paris et la Belgique est considérée comme prioritaire par l’État. Après plusieurs tentatives, c’est en 1843 que ce projet est adopté avec un tracé reliant Paris à la Belgique via Lille et passant par Creil.
L’inauguration officielle a lieu le 14 juin 1846 avec deux trains en partance de Paris et en direction de la Belgique. Le premier part à 6h15 et le second à 7h45 avec à son bord deux des fils du roi Louis-Philippe, les ducs de Nemours et de Montpensier. Plusieurs arrêts se font sur le trajet, notamment à Pontoise et à Clermont. Le déjeuner a lieu à Amiens. Après 10 heures de trajet, le train arrive en gare de Lille.
Portrait de Jules Juillet, Photographie, 19e siècle, Musée Gallé-Juillet de Creil
Les locomotives sont bénies par Monseigneur Giraud, archevêque de Cambrai. Le trajet se poursuit le lendemain vers Bruxelles. Les 150 km qui séparent Lille de Bruxelles sont parcourus en 5h30. Une grande cérémonie d’accueil est faite en gare de Bruxelles, cette dernière ayant été transformée en grande salle de banquet pour le soir.
La ligne est officiellement ouverte aux voyageurs le 20 juin 1846.
En 1848, il faut 1h20 pour relier Paris à Creil en passant par Pontoise, soit 67 km de parcours. Le tracé est long mais c’est le seul exploitable à l’époque.
C’est en 1853 qu’est décidée la construction d’une ligne directe reliant Paris à Creil en passant par Chantilly soit 50 km au lieu de 67 km. Pour cela, d’importants travaux de terrassement et trois ouvrages d’art sont réalisés :
le viaduc de Commelles : qui mesure 330 mètres de long et se trouve 40 mètres au dessus de la Thève et des étangs de Commelles.
le viaduc de la Canardière qui surplombe les jardins familiaux de Chantilly.
le pont de Laversines qui traverse l’Oise.
Les travaux durent de 1857 à 1859 et la ligne est officiellement inaugurée le 10 mai 1859. Il faut désormais 50 minutes pour relier Paris à Creil.
Les lignes de Creil à Saint-Quentin et de Creil à Beauvais
Le réseau ferroviaire se développe très rapidement à cause du nombre important de voyageurs qui passent par la Gare de Creil :
1857 : 76 767
1861 : 84 643
1866 : 106 009
1899 : 486 968
En 1865, on recense 321,5 km de voies ferrées dans l’Oise.
Carte générale du tracé de la ligne directe entre Paris et Creil, plan, 2O5
La mise en place de la ligne reliant Creil à Saint-Quentin remonte à 1848.
Lors de la création de la ligne de Paris vers la Belgique, le tracé entre Creil et Saint-Quentin est au cœur du débat.
En effet, deux voies sont étudiées : l’une passant par Amiens et l’autre par Saint-Quentin.
C’est finalement l’embranchement via Amiens qui est favorisé car il est plus court de 22 km et permet d’envisager des possibilités d’ouverture vers l’Angleterre.
Néanmoins, la ligne Creil-Saint-Quentin est confiée à la Compagnie des Chemins de Fer du Nord en 1846. C’est d’abord le tronçon de 33 km entre Creil et Compiègne qui est ouvert à la circulation en 1847.
Progressivement, la ligne est prolongée jusqu’à Noyon et Chauny en 1849 puis vers Tergnier et Saint-Quentin en 1850.
Quatre ans plus tard, la ligne est étendue au-delà de Saint-Quentin vers Maubeuge puis la Belgique.
La ligne Creil-Beauvais
En 1850, le Conseil général de l’Oise demande à ce que Beauvais, chef-lieu du département, soit relié à la ligne du Nord, ouverte quatre ans plus tôt. La concession de cette ligne est attribuée à la Compagnie des Chemins de Fer des Ardennes en 1853.
La mise en place de cette ligne nécessite deux ans de réalisation avec d’importants travaux de terrassements et la destruction de maisons près de Cires-les-Mello pour la construction d’une station.
Peu de temps avant l’ouverture de la ligne, l’administration décide de rétrocéder la ligne de Beauvais-Creil à la Compagnie des Chemins de Fer du Nord. En échange, la ligne Laon-Reims, exploitée par cette dernière, revient à la Compagnie des chemins de Fer des Ardennes.
La ligne est officiellement inaugurée le 28 juin 1857 et ouverte aux voyageurs le 1er septembre.
Parallèlement à la construction des grandes lignes, un important réseau secondaire se développe, avec de petites lignes, comme Chantilly-Senlis, qui ont pour la plupart disparu aujourd’hui.
Bulletin de cession de terrain pour la ligne Creil – Beauvais, 2O6
Jusqu’en 1914, la gare de Creil était constituée d’un bâtiment des voyageurs, bâtiment principal de la station. Il est souvent confondu avec le terme « gare ». En effet, il est destiné à accueillir les voyageurs qui souhaitent accéder au quai de la gare. Il se compose en général d’un hall, de guichets (ou espace de vente) et d’une ou plusieurs salle d’attente. L’ensemble est complété par les installations nécessaires au bon fonctionnement du chemin de fer : buffet de la gare, hall des marchandises, quais, voies, lampisterie ou encore remise à wagons. La gare de Creil possédait une grande verrière, identique à celles que l’on peut trouver dans les gares parisiennes. Elle est entièrement détruite lors des bombardements du 10 mai 1944.
La gare, Carte postale, Chalbrette, Creil, 20ème siècle, n°1 Fi 263
En 1914, le bâtiment des voyageurs est agrandi avec une avancée du corps central nécessitant la destruction de l’horloge publicitaire installée en 1888. Une aile en retour d’équerre est également ajoutée pour les marchandises
Si la gare de Creil a peu souffert de la Grande Guerre, la Seconde Guerre mondiale lui sera fatale. La gare fait partie des infrastructures utilisées par l’armée allemande puis détruites par les alliés, notamment lors des bombardements du 10 mai 1944. En 1955, la nouvelle gare, reconstruite dans un style plus massif, remplace le bâtiment mis en place provisoirement dans un baraquement en bois.
Creil – Bombardement du 10/05/1944 – La gare (Vue extérieure), Photographie, 1944,
Des travaux sont réalisés de 1986 à 1989 afin d’améliorer les conditions d’utilisation du réseau ferroviaire. Ils concernent la restructuration de la gare et son accessibilité. La municipalité procède au réaménagement de la place du Général de Gaulle pour permettre au bus de stationner devant la gare et améliore les conditions de stationnement. Elle crée une nouvelle voie reliant la place de la gare à la rue Gambetta (prolongement de la rue Stephenson) et réaménage la place de la gare. La SNCF s’engage à procéder à la restructuration de la gare et de ses annexes.