Une part de légende entoure l’histoire de Creil au Moyen Âge. Il est possible que les rois francs séjournent dans la vallée de l’Oise et son voisinage dès le 6e siècle, pour se livrer aux plaisirs de la chasse et de la pêche.
Des maisons royales seraient apparues aux époques mérovingienne et carolingienne, dont celle située en amont de l’île de Creil (Criolum) au 7e siècle.
Une charte de 1027 prouve l’existence des seigneurs de Creil dès le 11e siècle, par la mention d’Albert de Creil. Au 12e siècle, Creil est probablement devenue une seigneurie dépendante du comté de Clermont.
La prairie vue du bras de l’Oise par Henri Brunner-Lacoste
n°505, musée Gallé-Juillet, Creil
Buste représentant Charles V le Sage d’après une sculpture conservée au musée du Louvre
Les comtes de Clermont sont alors très puissants. Au 13e siècle, ils sont rattachés à la cour de France.
Les éléments architecturaux de la salle médiévale du château de Creil, encore en place, peuvent être datés du 13e siècle. Pour les archéologues, il s’agit donc des vestiges du château des comtes de Clermont à Creil, remanié au 14e siècle pour le roi Charles V.
Le 3e fils de Philippe IV le Bel et de Jeanne de Navarre, Charles IV le Bel, serait même né au château de Creil en juin 1294. Affectionnant particulièrement ce lieu, il entre en possession du comté de Clermont en 1327, peu avant son décès.
L’emplacement de Creil étant considéré comme stratégique pendant la Guerre de Cent ans, le Roi Charles V se l’approprie donc le 4 janvier 1375, y vient ensuite fréquemment, et se lance dans de grands travaux.
Au 14e siècle, le château est donc réaménagé et modernisé pour le roi Charles V le Sage.
La construction est relancée dans les hauteurs, le château devient complexe avec des tours imbriquées.
A la fin du 16e siècle, le château est intégré au célèbre ouvrage sur les cinquante plus Excellents bâtiments de France de l’architecte Jacques Androuet Du Cerceau (Les plus excellents bastiments de France, 1576), commande de la reine Catherine de Médicis.
Sous l’Ancien Régime, le château tombe dans l’escarcelle de grands princes, qui semblent l’abandonner, préférant construire du neuf. Du 16e au 18e siècle, le château se dégrade. Après avoir changé de nombreuses fois de propriétaires, le château est cédé en 1704 à la famille Bourbon Condé, aussi détentrice du château de Chantilly.
Louis Joseph de Bourbon-Condé obtient du Conseil d’Etat, le 30 octobre 1781, l’autorisation de démolir le château de Creil, en grande partie en ruines. Il en abandonne la jouissance le 9 février 1782 à Pierre Juéry, procureur du roi en la châtellenie de Creil, pour 50 livres de rente annuelle et perpétuelle (vente de tous les matériaux sans aucune exception ni réserve à provenir des démolitions de l’ancien château de Creil). Le château est démantelé en grande partie.
Plusieurs vues du château de Creil, dessinées par Grimm, sont conservées au British museum de Londres.
Après la Révolution française, les vestiges du château sont habités par plusieurs propriétaires :
les parties Nord-Ouest et Sud-Ouest deviennent les propriétés de la famille Gallé-Juillet,
l’aile Nord-Ouest est habitée par madame Juéry, puis devient la possession des Gallé-Juillet et prend des fonctions diverses jusqu’à aujourd’hui (habitations, caserne de pompiers, bureaux),
la partie Sud, avec sa tour carrée crénelée, est dévolue à un auditoire et des prisons, puis est remplacée par l’hôtel de ville.